BARBARA CHRISTOL « CREDIT DE RECHERCHE »
Magazine Fred’ Hiver 2024. Article par Marie Mazeau, rédactrice en chef et journaliste.
Enveloppée dans l’ancienne blouse de son père artisan joaillier, elle a DES AIRS de chercheuse et son grand atelier, de laboratoire.
C’est bien à une recherche inconditionnelle que cette artiste se livre, physiquement engagée, entre figuration et abstraction, privilégiant le geste au service du trait, créant des espaces et des paysages, construisant un univers, suggérant des perspectives, tentant d’architecturer le monde : « Biberonnée comme tous les nîmois à la ruine, à un monde qui bouge et se délite« , elle se confronte au temps qui court et se dé(bo)bine.
Elle raconte une histoire, déroule sa pelote, tisse une trame « d’un geste artisanal » et le ciel de fil de laine azur et entrecroisé, qui surplombe l’entrée de l’atelier en est le premier chapitre : « J’ai beaucoup voyagé, j’ai dû imaginer des systèmes de création nomades comme la photo et ce fil de laine, à l’occasion de tissages, d’installations et mises en espace éphémères.«
Passionnée de dessin, élève des Beaux-Arts de Nîmes dès l’enfance, elle en sort diplômée, fréquente plusieurs ateliers afin de perfectionner ses techniques, mais l’Histoire de l’art est si grande, les recherches plastiques et esthétiques si considérables… elle n’a de cesse de s’y plonger encore, à la Sorbonne, jusqu’au Doctorat. Chercheuse jusqu’à la pointe du crayon, jusqu’au bout du pinceau : « J’aime par-dessus-tout la technique mais j’aime aussi les pas de coté alors je mène plusieurs choses à la fois et je navigue de l’une à l’autre. J’avance par tâtonnement, par répétition – c’est ainsi que naissent les séries, la narration – et au gré des hasards. » Peinture acrylique, graphite, fusain, encre de Chine, crayon de couleur, mine de plomb, supports variés, fil à plomb et compas par dizaines… et ce trait, fil d’Ariane qui compose sa géométrie: des formes simples, un geste précis, qu’elle convie comme par défi, à un jeu d’échelle et de lumière, de perspectives, de lignes de fuite, à l’infini, d’origami, de contrastes et d’effets cinétiques: galaxies, constellations, constructions… ses paysages captent littéralement le regard et bon gré mal gré l’emportent par-delà les sphères et les limites connues: « Je pars de la contrainte, d’impératifs que je me donne et contourne librement. Ce que je cherche, c’est une harmonie plastique, une émotion dans une forme, un idéal de perfection, mais ça n’est pas si rigoureux. »
Artiste en mouvement, toujours partante pour associer son geste au pas ou à la voix d’un(e) autre, Barbara Christol n’en finit pas de questionner la création. Pianiste, passionnée et danseuse de claquettes, elle donne à ses oeuvres des noms de morceaux de musique et parce que « je m’inscris dans la tradition » s’en va chaque année s’exposer, « se confronter à ce qui se vend », à Paris depuis 1862, au Salon des Beaux-Arts et au Salon d’Automne.
Ses oeuvres ont intégré des collections privées en France et aux Etats-Unis.
Portrait de Barbara Christol dans son atelier, © David Richalet
. L’artiste exposera à Art Capital au Grand Palais en février prochain. www.barbarachristol.com