Barbara Christol
« Barbara Christol », portrait double pages 36 et 37. Magazine C de l’Art, édition Décembre 2020 – Janvier 2021
Je suis une plante héliotrope, attirée par le soleil. Native de Nîmes, j’ai beaucoup voyagé avant de choisir de me réinstaller récemment près de la chaleur et de la lumière de ma ville natale. Aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours eu un crayon ou un pinceau dans les mains. Cours de dessin des Beaux-Arts, perfectionnement auprès d’atelier de peintres nîmois, recherches de Doctorat en Arts Plastiques à La Sorbonne, je n’ai jamais cessé de cheminer dans la création. Mes thèmes de prédilection sont l’espace et le jeu (…)
Ma pratique est polymorphe (dessin, peinture, illustration mais aussi performances tissées et installations ludiques) et je cultive l’aspect artisanal de mon travail en laissant les traits de construction apparents et mis en valeur dans mes compositions, par exemples, en utilisant principalement des matériaux et des techniques traditionnelles que je mixe et décline à des techniques contemporaines…
J’ai choisi de vous présenter le dernier diptyque que j’ai réalisé pendant le confinement: « Points de Vue ». Chaque toile est une composition géométrique, architecturale, à deux points de fuite, contenue au centre d’un cercle de façon un peu flottante au-dessus de la ligne d’horizon. L’idée de travailler sur les perspectives et la notion de fuite m’a particulièrement intéressée dans cette période d’enfermement physique. La composition en diptyque évoque les deux yeux composant le regard humain et permet une déclinaison en deux points de vue différents et pourtant très semblables.
« Points de Vue », Barbara Christol 2020. Diptyque, techniques mixtes sur châssis entoilé. H46 x L80 cm
Comment choisissez-vous vos titres?
Je choisis les titres de mes toiles après-coup, lorsqu’elles sont finies. Parfois lorsque la série entière est finie. Le titre est souvent une référence puisée dans mon Panthéon littéraire (poésie de Borges, oeuvre de Lewis Carroll, livres d’artistes et références d’ouvrages esthétiques de Deleuze ou Bachelard qui ont nourri mes recherches…). Le titre peut aussi être un détail du processus de création de l’oeuvre, par exemple la danse du compas sur la toile dans la composition architecturale générale a donné lieu aux titres « Opéra #1 » et « Opéra #2 ». J’envisage le titre et l’oeuvre comme une sorte de poésie. Ils se font écho et se prolongent.
« Opéra #1 », Barbara Christol 2020. Techniques mixtes sur châssis entoilé. H46 x L62 cm
Lorsque vous commencez une toile, avez-vous une idée précise de l’aboutissement souhaité?
Lorsque j’entame une toile, je n’ai pas vraiment d’idée précise de l’aboutissement souhaité. Je dirais plutôt que je fais oeuvre avec une intention, qui est parfois le parti-pris d’une contrainte matérielle ou technique. A partir de ce point de départ, c’est en cheminant que je trouve mon chemin. Je considère la création artistique comme un labyrinthe, dans lequel l’artiste se situe à la croisée des chemins et avance par répétitions et tâtonnements en maintenant son fil conducteur. Je trouve très juste la citation de Pierre Soulages à ce propos : « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ».